La remarquable opération de promotion de l’histrion de bazard Dieudonné, brillamment menée par nos medias nationaux, a permis de passer sous silence le principal, c’est-à-dire la crise économique et stratégique dans laquelle le monde s’enfonce. Surtout, cette sinistre farce qui prends la population en otage plonge dans la fange un pays, la France, qui serait susceptible, dans un autre climat, de puiser au plus profond d’elle même les ressources décisives pour s’opposer à la tyrannie qui se mets en place, comme elle a su le faire à d’autres moments de son histoire.
A défaut de cela, le réveil sera incontestablement très douloureux. En particulier, le président de la République a annoncé, lors de ses vœux de nouvel an, l’objectif de réduction de la dette (par ailleurs en majeure partie illégitime) et la « maîtrise » des dépenses publiques que cela impliquera. A d’autres occasions, il s’est montré plus précis, en parlant de la réduction des dotations pour les collectivités territoriales ou encore des « nécessaires » économies pour la sécurité sociale mais l’enjeu est ailleurs, car ce à quoi nous sommes confrontés est en réalité la mise sous tutelle financière progressive de la France.
Le Canard enchaîné avait publié en septembre 2012, juste après l’adoption en Conseil des ministres du Traité budgétaire européen, un excellent article où l’auteur se livrait à un petit exercice pratique destiné à traduire en chiffres tangibles les mesures adoptées par le gouvernement… Je vous les laisse découvrir par vous-mêmes dans l’article en question, reproduit ci-dessous.
Si, à la lecture de cet article, vous vous sentez piégé au bord d’une fosse dont le fond est garni de pieux acérés dressés en l’air, c’est sans doute une réaction normale, car ce qui a été fait revient, délibérément au non, à une manœuvre permettant d’obtenir la soumission politique totale du pays ainsi piégé.
L’urgence est de sortir du piège ! Pour cela, il est essentiel de présenter aux Français les questions fondamentales les concernant, de leur faire comprendre la dimension de ce qui se joue aujourd’hui et d’amener des solutions. Il est notamment essentiel de les sortir de la boue médiatique si utile aux calculs politiques de ceux qui misent sur la haine et la discorde comme stratégie électorale dans les élections municipales et européennes à venir. Aussi, emparez-vous du nouveau document de campagne de Solidarité et Progrès pour intervenir auprès des élus et auprès des listes se présentant aux élections municipales et européennes afin de les interpeler sur la fondamentale de la séparation en deux des banques. Des candidats qui refuseraient de prendre position sur cet enjeu montreraient par là qu’ils ne sont pas aptes à être élus à des postes de responsabilité.
A vous de jouer ! –> Couper les banques, une affaire locale
Les farces et attrapes du traité budgétaire européen
Vous avez aimé la règle d’or ? Vous adorerez la réduction de la dette
A le lire en détail, le traité européen de stabilité budgétaire adopté, le 19 septembre [2012], en Conseil des ministres réserve quelques petites surprises, injustement passées inaperçues. Ainsi, à côté de la fameuse règle d’or, qui a fait couler beaucoup d’encre et interdit aux États d’afficher un déficit des finances publiques supérieur à 0,5% du PIB, figure une autre obligation, encore plus contraignante.
L’article 4 du pacte budgétaire stipule en effet que, lorsque l’endettement d’un pays dépasse 60% de son PIB, il devra réduire sa dette « à un rythme moyen d’un vingtième par an ». Travaux pratiques avec la France. Sa dette publique flirte avec les 90%. Il va donc falloir la réduire d’un tiers, soit environ 600 milliards en vingt ans. Pour y parvenir, les finances publiques devront dégager, chaque année, un excédent de 30 milliards. Ça va être chaud : aucun budget français n’a atteint l’équilibre – et, à fortiori, n’a été excédentaire – depuis 1974.
Sans compter que la dette, loin de se résorber, continue allègrement de se creuser. Selon les prévisions gouvernementales, elle devrait s’alourdir de 90 milliards en 2012, et encore de 60 milliards en 2013. Ce qui revient à dire que, le jour béni où le budget deviendra excédentaire, le temps accordé pour la dette se sera raccourci.
Budget de cocagne
Hollande promettant le déficit zéro pour 2017, aucun remboursement ne pourra intervenir avant 2018, au mieux. Il faudra alors mettre les bouchées doubles et atteindre un excédent public très supérieur à 30 milliards par an, et ce jusqu’en 2032. C’est comme si c’était fait …
Et qu’arrivera-t-il si la France, ou un autre pays, ne respecte pas ce tableau de marche ? Pour prix de leur solidarité avec les pays du Sud, dépensiers, les pays de l’Europe du Nord, l’Allemagne en tête, ont exigé que le pacte budgétaire mentionne explicitement une quasi-mise sous tutelle des fautifs. Ceux-ci, en vertu de l’article 5 du traité, devront ainsi faire approuver par « le Conseil de l’Union européenne et la commission européenne » un programme « comportant une description détaillée des réformes structurelles à mettre en oeuvre ». Plus question de se contenter, si l’on ose dire, d’infliger aux prodigues une amende de 0,5% du PIB (10 milliards, dans le cas de la France), mais bien de leur imposer une politique de réformes. Et, pour y échapper, prévoit le traité, il faudra l’accord des deux tiers des pays signataires.
A quel saint faut-il brûler un cierge ?
H.M.


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