Union européenne : pouvoir, double jeu et attaque contre la démocratie

Au moment où l’offensive du féodalisme financier pour imposer un fédéralisme supranational passe à la vitesse supérieure, la Grande Bretagne s’engage dans une voie diamétralement opposée. Ainsi  le « Telegraph » du 22 septembre nous révèle que David Cameron, le premier ministre britannique, étudie les moyens de rapatrier des pans entiers de souveraineté abandonnés à l’Union européenne.
« Au cours de l’année prochaine, toute une série de rapports vont être publiés – le résultat d’un  »audit approfondi,, des pouvoirs de l’Union européenne sur la Grande Bretagne, incluant pratiquement tous les départements du gouvernement » ainsi que l’avait annoncé en juillet  William Hague, le secrétaire aux Affaires étrangères.
« L’ébauche de ce rapatriement pourrait constituer la base pour la plate forme de négociation de David Cameron en vue d’un possible référendum. » prélude à une éventuelle sortie de l’Union européenne.
Même si cette perspective n’est, officiellement, pas pour tout de suite, elle signale clairement que la Grande Bretagne – qui s’est abstenue d’entrer dans l’euro – rejouera une nouvelle fois sa partition favorite :  encourager les pays d’Europe continentale sur une voie suicidaire pendant qu’elle se retirera du bâteau qui coule tant qu’il en est encore temps.
Nous autres Français – en particulier – pensont très naïvement jouer un rôle moteur, digne de notre histoire, à la grande aventure moderne qui verra l’avènement des « Etats-Unis d’Europe », alors même que le projet de l’Europe des patries dont rêvaient les pères fondateurs a été tué et enterré par l’Union européenne et ses technocrates (lire à ce sujet l’article de Christine Bierre « Ces Français qui ont ouvert l’Europe aux financiers anglo-américains » ).
C’est sans doute cet attachement idéologique à cette fausse Europe qui nous empêche de voir ce qui ressemble à s’y méprendre à un éléphant au milieu du corridor.
Celui-ci est pourtant bien identifié par Vaclav Klaus, le président tchèque, dans un article publié dans la même édition du  « Telegraph »où Vaclav Klaus, eurosceptique, conservateur, admirateur de Margaret Thatcher, prévient que la destruction de la démocratie européenne entre dans sa phase finale.
Pour Klaus, la nouvelle offensive en faveur d’une Fédération européenne, dotée de son propre chef de gouvernement et des armées, constitue la « phase finale » de la destruction de la démocratie et de l’Etat nation. Il estime que les politiciens et leur duplicité, y compris des conservateurs, ont ouvert la voie à un super-Etat de par leur renoncement à la démocratie et  leur fuite face à toute responsabilité vis-à-vis de leurs électeurs.
Le « Telegraph » rappelait en effet que la semaine dernière, la France, l’Allemagne et neuf autres pays européens ont demandé la fin du droit de véto des Etats membres sur la politique de défense et que Guido Westewelle, le ministre allemand des Affaires étrangères, a appelé à l’élection directe d’un président de l’Union européenne qui nommerait personnellement les membres de son gouvernement européen.
La prise de position de Klaus faisait également suite à la déclaration de Manuel Barroso proposant de passer en 2014 à une Fédération européenne pure et simple. Le président tchèque affirme que « C’est la première fois qu’il [Barroso] a reconnu les ambitions réelles des protagonistes qui aujourd’hui favorisent le renforcement de l’intégration européenne. Jusqu’à présent, les personnes comme M. Barroso, avaient gardé ces ambitions secrètes vis-à-vis du public européen. J’ai bien peur que Barroso estime que ce soit le moment opportun pour annoncer un développement aussi mauvais ». Et, plus loin : « Ils pensent qu’ils finalisent le concept de l’Europe mais dans mon jugement il la détruisent. »
Autre point développé dans cet article, c’est la raison derrière la fascination étonnante des « élites » et des politiciens pour des « Etats-Unis d’Europe », alors même que l’opposition des peuples européens à cette Europe supranationale crève les yeux.
« Les élites politiques ont su de tout temps que le déplacement du pouvoir de décision du niveau national au niveau supranational affaiblissait les mécanismes démocratiques traditionnels (qui sont inséparables de l’existence des Etats-nations) et ceci accroît radicalement leur pouvoir. C’est pourquoi elles voulaient tellement ce changement dans le passé et c’est pourquoi elles le veulent aujourd’hui ».
La course vers l’intégration européenne serait-elle donc en train d’accoucher d’une nouvelle espèce particulièrement inquiétante de politiciens avec des individus aspirant à un pouvoir accru tout en n’ayant pas à devoir rendre de comptes aux électeurs ?
La récente expérience que le président tchèque relate, lors de sa visite officielle en Italie, confirme cette évolution. Il y décrit une classe politique s’abritant derrière la crise de la zone euro pour justifier son  renoncement à la démocratie et sa  fuite face à toute responsabilité envers ses concitoyens. Voilà qui « sonne » familier !
Un dernier élément pour conclure cet article. A l’heure où je m’apprête à poster cet article en ligne, le dernier flash d’actualités qui viens d’être diffusé sur les ondes de « France info » n’a pas dit un mot sur la manifestation prévue demain à Paris contre la ratification du Pacte budgétaire (TSCG). Alors que l’Assemblée nationale va être amenée à se prononcer pour ou contre ce Pacte budgétaire, la presse qui, rappelons-le a pour raison d’être de nous informer, est aux abonnés absents. Quand à cette manifestation qui doit réunir un grand nombre de citoyens et d’organisations dénonçant l’Inquisition financière que ce traité instaurera, il n’y a, dans les « grands » medias, rigoureusement pas un mot !
Démocratie, République ? Les mot qui dérangent ; ce pour quoi il faut rejoindre la résistance.

 

–> Non au Pacte budgétaire : c’est la France et l’Europe qu’on assassine

 

Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *