Tribunal de Nuremberg

Tribunal de nurembergJeudi dernier, Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI et Daniel Leigh ont reconnu dans un rapport de 43 pages (Growth Forecast Errors and Fiscal Multiplier)  s’être trompés sur les conséquences de l’austérité, au cœur des politiques imposée par cette institution relais des intérêts financiers (voir également Avis de tempête financière imminente).

Fin décembre, le quotidien suisse Le Temps racontait l’histoire d’une femme grecque de 62 ans, condamnée à mourir d’un cancer suite au refus de la soigner pour des raisons purement financières (L’inexorable descente aux enfers du système de santé grec). Toutefois, quelle que soit la colère que soulève ce cas, il n’est que la manifestation extrême d’une réalité qui se généralise sous la pression des intérêts financiers que le FMI a toujours si fidèlement défendus. Déjà, en Angleterre, le triage des soins – donc le triage humain – constitue le cadre dans lequel le système de santé « fonctionne ». En France, l’université de Paris-Diderot organisait le 19 novembre dernier un colloque international intitulé « Sélection, tri et triage en médecine » dans lequel des militants de Solidarité et Progrès se sont rendus pour interpeler le public et les orateurs, et distribuer un tract dénonçant le retour de cette idéologie qui a accompagné le national socialisme.
Ne nous leurrons pas ; que ce type de discussion ait lieu dans la période actuelle ne doit pas nous surprendre. Celles-ci, tout comme le « débat » sur l’euthanasie, n’existeraient tout simplement pas si nous étions dans une société travaillant à son avenir et ayant un engagement envers le progrès. Une société qui respecte ses obligations envers les générations futures a besoin de ce que chaque personne peut amener – connaissances, qualifications, expériences, capacité de réflexion,  de création, etc. – et de par sa nature, est incompatible avec cette idéologie.

"60.000 Reich Mark, c'est ce que coûte cet handicapé" dénonce cette affiche de propagande nazie qui ajoute "compatriote, c'est aussi ton argent"
« 60.000 Reich Mark, c’est ce que coûte cet handicapé à la communauté » fustige cette affiche de propagande nazie qui ajoute : « compatriote, c’est aussi ton argent »

 

Au regard des conséquences résultant des choix du FMI – ou d’autres institutions et intérêts privés  partageant les mêmes points de vue -, la question se pose donc de l’urgence de mettre en place un nouveau Tribunal de Nuremberg ayant pouvoir de traduire en justice ceux dont les décisions condamnent des personnes innocentes à une mort certaine. Une société moderne peut-elle en effet continuer à feindre l’ignorance des crimes perpétrés par des fonctionnaires ou financiers en complet veston ? Une société qui a déjà connu les horreurs de la deuxième guerre mondiale peut-elle continuer à feindre de découvrir les mécanismes menant à la dépossession et à l’élimination physique d’êtres humains, que ce soit par incompétence ou au travers de crises économiques dont certains espèrent tirer profit ?

Au Tribunal de Nuremberg, le professeur Leo Alexander avait clairement montré que le moment où l’on avait mis un prix à la vie humaine correspondait au moment où l’engrenage fatal de l’élimination de masse s’était mis en marche. Comme le dit une maxime bien connue : qui ne veut pas apprendre les leçons de l’histoire est condamné à en répéter les funestes erreurs.

 

 

 

Comments

2 réponses à “Tribunal de Nuremberg”

  1. […] Alors quand on spolie les comptes bancaires à la façon des chypriotes ou des espagnols ou que l’UE persiste et signe pour les escamoter sur toute l’Europe, quand on éteint la TV d’Etat dans un pays membre et qu’on entend les « néo-crotales » du FMI commencer à s’excuser du saccage qu’ils ont imposé partout où ils agissent, ça s’appelle comment ? >.. […]

  2. […] fait, n’est-il pas d’ores et déjà légitime et légal d’organiser leur poursuite et surtout ce qui sera leurs.. assises […]

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