Tribune : lettre ouverte au président de la République française

Je reprends ici cette Tribune de Roger Akl, à laquelle je souscris entièrement.

« Monsieur le président de la République,

« Nous sommes des citoyennes et citoyens français, franco-libanais, des résidents en France extrêmement horrifiés par cette abomination qui se déroule sous nos yeux en toute impunité.
Nous sommes en colère face à l’inaction de la communauté internationale, spécifiquement la France et l’Union Européenne. Nous vous demandons d’utiliser tous les leviers possibles afin de parvenir à un cessez-le-feu immédiat au Liban.

« Cela fait plus d’un an qu’Israël mène une agression sans limites contre le peuple palestinien. Depuis le 17 septembre, après plusieurs mois de bombardements au Liban, le gouvernement israélien a décidé d’étendre ses agressions sur tout le territoire, causant ainsi des milliers de tués et de blessés, y compris des Français. Ce déchaînement de violence a déplacé plus de 1,3 million de libanais et au moins 500 000 personnes ont quitté le pays, sans parler des destructions incommensurables. Le gouvernement israélien bafoue les règles du droit international en commettant des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Non seulement l’armée israélienne utilise des armes interdites sur des zones civiles, comme le phosphore blanc, mais elle frappe de manière disproportionnée et indiscriminée des immeubles résidentiels, des cimetières, des hôpitaux et des sites historiques. Des civils, des journalistes et des secouristes sont visés et sont tués délibérément ou empêchés par des tirs d’arriver sur les lieux sinistrés. Israël viole la souveraineté du Liban en envahissant son territoire, terrorise sa population, déracine ses citoyens et exacerbe les dissensions internes, au risque de provoquer une nouvelle guerre civile.

« Depuis des décennies, Israël bafoue les résolutions des Nations Unies. L’armée israélienne cible et blesse sciemment les soldats de la FINUL qui a signalé la destruction délibérée d’une tour d’observation, ainsi que des tirs de chars israéliens sur ses positions.

« Plusieurs ONG dénoncent le génocide en cours à Gaza. La Cour Internationale de Justice a demandé des mesures conservatoires à trois reprises. Israël n’en a suivi aucune.

« Voulez-vous rester du côté obscur de l’Histoire, quitte à répéter dans quelque temps un « plus jamais ça » qui a perdu toute signification? Voulez-vous continuer à soutenir son gouvernement raciste et messianique qui ne connaît que destruction et violence et qui alimente la haine, ou voulez-vous être du côté du droit et de la justice ?

« Nous sommes indignés, depuis le début de ce déchaînement atroce de violence, de voir la manière dont cette guerre est dépeinte en France et en Europe. Sous le prétexte de combattre le terrorisme, Israël s’autorise les pires exactions. Les Palestiniens et désormais les Libanais sont réduits à des vies sans importance, leurs voix sont méprisées et leurs doléances ignorées. Nous entendons même de la part de certaines personnalités publiques des propos racistes et haineux qui viennent déshumaniser ces peuples et inciter à la violence. Certains amalgames essaient aussi de décrédibiliser toute critique contre le gouvernement israëlien. Nous critiquons Israël parce que tant qu’il y aura, comme le décrit la résolution A/RES/ES-10/24 adoptée par l’Assemblée Générale (AG) des Nations Unies le 18 septembre 2024, un système d’apartheid, une occupation illégale et un bafouement outrancier des droits des palestiniens, il n’y aura jamais de paix pour les habitants de la région.

« En cette heure grave, il y a une priorité : le cessez-le-feu. Les protestations strictement verbales ne suffisent plus. Elles ont au contraire permis à Israël d’aller toujours plus loin dans son mépris du droit international.

« Le temps est à l’action: Il faut arrêter la vente de toutes les armes, arrêter les accords d’échanges commerciaux, culturels, académiques, scientifiques, militaires et même diplomatiques. La France ainsi que l’Europe devraient agir dans ce sens, certains pays européens le font déjà. L’Union Européenne, premier partenaire commercial d’Israël, a un véritable levier : la suspension de leur accord d’association car ce dernier est soumis au respect des droits humains inlassablement bafoués par Israël. Cette suspension est d’ailleurs soutenue par au moins 195 organisations non gouvernementales européennes. La résolution A/RES/ES-10/24 de l’AG des Nations Unies souligne les obligations des États membres sur ce sujet.

« Seules les pressions ont la capacité d’arrêter le carnage au Moyen-Orient, parallèlement aux négociations avec l’État libanais que nous voulons souverain avec une armée capable de le défendre et loin de toute ingérence étrangère.

« Monsieur le président, la France et le Liban ont une histoire partagée et les liens qui les unissent ne devraient pas s’estomper quand le pays du cèdre est en train de brûler. Nous espérons que vous êtes encore attaché aux valeurs humaines et au droit international et que vous allez tout faire pour parvenir à un cessez-le-feu. »

Roger Akl