Le gouverneur de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a finalement accepté de paraître devant le parlement espagnol, mais seulement à condition que l’audition se fasse à huis clos avec un groupe restreint de députés, et que ses remarques ne soient pas rendues publiques.
[J’ajoute, dans cette brève de S&P, que Mario Draghi venait de faire exactement la même chose au Bundestag allemand et, par ailleurs, qu’il se rendait en Espagne pour y donner son satisfecit sur la « bonne santé » qui est censée être celle des banques espagnoles en conséquence des politique d’austérité brutales. Notons que ces politiques contraignent de nombreux Espagnols à quitter leur pays. Belle réussite, n’est-ce pas !]
Ces conditions n’ont pas plu aux groupes espagnols mobilisés contre l’austérité, et le groupe parlementaire Izquierda Plural (Gauche unifiée plus les Verts) a promis qu’il retransmettrait les remarques de Draghi via twitter et les téléphones portables. Le parti au pouvoir (PP) a fait le nécessaire pour empêcher les communications téléphoniques depuis l’auditorium vers l’extérieur, mais deux députés peu coopératifs de la Gauche unifiée ont filmé Draghi et posté son discours sur un site spécialement créé pour l’occasion.
Draghi a commencé et terminé son sermon en rappelant aux députés que l’Espagne, comme le reste de l’Europe, ne pouvait plus se considérer comme souveraine, et que les parlementaires ne devaient par conséquent plus oublier, mêmes s’ils sont élus démocratiquement par le peuple espagnol, que les mesures économiques votées par eux affectent toute la zone euro.
Il a également réitéré l’engagement de la BCE à renflouer les banques, à faire baisser les coûts du travail et à imposer un ajustement des conditions de vie et une réforme de l’appareil d’Etat.
Le député Alberto Garzon, l’un des deux parlementaires à avoir filmé le discours, a lancé une violente diatribe contre le gouverneur, lui reprochant de venir sous le couvert du secret, en tant que représentant d’une puissance qui fait chanter les pays pour s’imposer sans aucune légitimité.
Malgré quatre longues années de discours sur la stabilité financière, a-t-il poursuivi, la BCE n’a rien fait pour faire face à la crise, encourageant la spéculation sur les dettes publiques et exhortant les gouvernements à couper dans l’éducation, la santé, et autres services primordiaux pendant qu’elle continuait à renflouer les banques.
Le député a conclu que dans un pays normal, dans des institutions normales, Draghi aurait été poursuivi en justice, de même que l’ancien gouverneur de la BCE Jean-Claude Trichet. L’intervention de Garzon a conduit le Président de la séance, Jesús Posada, à lui demander de « se comporter correctement », sans préciser ce que cela pouvait bien vouloir signifier…
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