La BCE fait valoir qu’il faut maintenant créer de l’inflation afin de prévenir la déflation. En théorie, les prêts à long terme accordés aux banques devront servir uniquement au financement des entreprises mais en réalité, cet argent est destiné à sauver les banques du krach à venir, d’ailleurs annoncé par la BCE qui s’est fendue d’une mise en garde dans son Rapport sur la stabilité financière. Cette politique présente toutefois un aspect des plus pernicieux : en réduisant les taux d’intérêt sur l’épargne à la portion congrue, elle contraint les déposants à se tourner vers la bourse pour y rechercher une rémunération adéquate. C’est ce que le directeur de l’Association allemande des caisses d’épargne, Georg Fahrenschon, souligne dans de nombreux entretiens récents.
Mario Draghi et son « hélicoptère »
Comme il fallait s’y attendre, Mario Draghi, le président de la BCE, vient de réduire les taux d’intérêt au niveau historiquement le plus bas (0,15%). Pour ne pas en rester là, il a également introduit des taux punitifs sur les dépôts bancaires à la BCE, annoncé des prêts à long terme aux banques ainsi que l’achat d’obligations et de titres toxiques. En outre, il a fait savoir que la BCE ne « stériliserait » plus ses achats, en d’autres termes qu’elle consent à une augmentation de la masse de liquidités en circulation.
Il ne lui reste plus maintenant qu’à larguer des billets depuis un hélicoptère, pour reprendre l’image de Ben Bernanke, l’ancien dirigeant de la Réserve fédérale américaine.
Interrogé pour savoir si la politique de la BCE consiste en l’expropriation de l’épargne, celui-ci a répondu : « Oui, très clairement ! Par cette politique de faibles taux d’intérêt, les ménages allemands perdront environ 15 milliards d’euros en intérêts. Par tête (…), cela fait environ 200 euros par an. » Devant la perspective de perdre de l’argent sur leur épargne (avec des taux aujourd’hui à 0,2 %) et sur leur assurance vie, les familles allemandes se retourneront vers la Bourse. Il se trouve que l’indice allemand Dax a franchi la barre des 10 000 pour la première fois le 5 juin, suite à l’annonce de la BCE, pour terminer la semaine à 9987,19 points, un record historique. Dans les années 1990, alors qu’il était directeur général du Trésor italien, Draghi avait forcé des millions de familles à vendre leurs obligations d’Etat pour investir en Bourse, où elles ont perdu 216 milliards d’euros.
Il ressort de tout cela que la « philosophie » actuelle du monde de la finance se résume à «peut-importe la casse pourvu que l’on sauve notre système ».
Il suffit de voir la visite faite à Vienne la semaine dernier par Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe (ministres des finances de l’Eurozone) pour s’y entretenir de la situation bancaire du pays. Lors d’une conférence de presse, il expliqua aux journalistes qu’il considérait le « bail-in” * (renflouement interne) comme une mesure très sensée, tant d’un point de vue budgértaire que d’un point de vue économique et ce, pas uniquement pour l’Autriche, qui mets en place une programme de renflouement interne de 900 millions pour sa banque Hypo Alpe Adria bank, mais pour l’ensemble des pays européen.
Le jour même, il publiait un communiqué annonçant que les autres Etats membres étaient parvenus à un “consensus politique sur le cadre opérationnel du Mécanisme européen de stabilité incluant la procédure de renflouement interne comme partie inhérante de toute opération de sauvetage des banques. Est-ce bien une surprise ? Après tout, Dijsselbloem était le premier fonctionnaire de l’Union européenne à déclarer, au printemps 2013, que le renflouement interne imposé à Chypre était le modèle pour le reste de l’Europe. Petite cerise sur le gâteau, c’est au cours du séjour de Dijsselbloem à Vienne que l’agence de notation Standard & Poor’s annonça qu’elle avait abaissé la noté de Hypo Alpe Adria et six autres banques autrichiennes (Erste Group, Raiffeisen Zentralbank, Raiffeisen Bank International, KA Finanz, Hypo Niederösterreich, UniCredit Bank Austria), précisément parce que l’Autriche se prépare à imposer un renflouement interne de 900-millions en faveur de Hypo Alpe Adria bank.
* Voir aussi :
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