Pour Jeanne

 

Jeanne songeait

Jeanne songeait, sur l’herbe assise, grave et rose ;
Je m’approchai : – Dis-moi si tu veux quelque chose,
Jeanne ? – car j’obéis à ces charmants amours,
Je les guette, et je cherche à comprendre toujours
Tout ce qui peut passer par ces divines têtes.
Jeanne m’a répondu : -je voudrais voir des bêtes.
Alors je lui montrai dans l’herbe une fourmi.
Vois ! – Mais Jeanne ne fut contente qu’à demi.
– Non, les bêtes, c’est gros, me dit-elle.

Leur rêve,
C’est le grand. L’océan les attire à sa grève,
Les berçant de son chant rauque, et les captivant
Par l’ombre, et par la fuite effrayante du vent ;
Ils aiment l’épouvante, il leur faut le prodige.
– Je n’ai pas d’éléphant sous la main, répondis-je.
Veux-tu quelque autre chose ? ô Jeanne, on te le doit !
Parle. – Alors Jeanne au ciel leva son petit doigt.
– Ça, dit-elle. – C’était l’heure où le soir commence.
Je vis à l’horizon surgir la lune immense.

Victor Hugo (dans L’art d’être grand-père)

 

Percy Bysshe Shelley, le poète anglais, pensait que le vrai législateur de l’univers est le poète. De fait, à l’opposé de la « pensée » stérile des politiques qui ne pensent que coûts, court terme et rapports de force, le poète guidé par son intuition s’empare du vrai « pouvoir » et déploie devant nous les reflets d’un monde qui nous attend. N’est-ce pas ce que fait Victor Hugo ici ?

Comme tous les enfants que font rêver ce qui est grand, Jeanne aurait certainement aimé  se représenter cette autre planète, Mars, tellement lointaine qu’on ne peut pas la voir à l’œil nu et sur laquelle les « grandes personnes » allaient poser un « drôle d’engin ».

Oui, les enfants aiment ce qui est grand et surtout ce par quoi l’univers se manifeste à eux dans sa grandeur et sa beauté. Voilà un paradoxe à méditer pour les adeptes du « small is beautifull » et tous ceux qui veulent réduire l’être humain à une chose petite et misérable et qui de ce fait se rendent complices, la plupart du temps sans même en être conscients, de la vision oligarchique du monde ; une vision où, malgré les apparences, rien ne change.

Et, oui, nous adultes devons aux enfants d’aujourd’hui et de demain. Nous leur devons le futur, nous leur devons l’univers qui est là, à notre portée si nous décidons, enfin, d’y aller. C’est pourquoi avec « l’amarsissage » lundi 6 août du rover Curiosity, nous serons les témoins d’un événement historique nous replaçant chacun d’entre nous face à nos responsabilités. Sommes-nous prêts à y répondre ?

Rendez-vous lundi prochain à 7h30 afin d’assister en direct à cet événement en cliquant sur le lien suivant –>

Pour la 1ere fois de l’histoire, un engin de 900 kg s’apprête à se poser sur la planète Mars. Vivez l’événement en direct, le lundi 6 août 2012, sur le site du CNES et depuis la Cité de l’espace, à Toulouse.

 

 

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